Jean-Paul Pourquier, Président du Conseil général de la Lozère et Président de la Commission Agriculture de l’Assemblée des départements de France (ADF), réagit à l’initiative à trois de ses collègues, présidents de conseils généraux de gauche, de saisir le Président de la République sur la problématique de la crise ovine
« Je lis ce matin dans la presse régionale que je ne me suis pas joint à la démarche des trois Présidents des Conseils généraux de Haute-Vienne, Creuse et Charente. Pour ce faire il aurait fallu avoir connaissance de cette initiative. Ces départements ne sont pas les seuls concernés par la crise ovine. Il y a même d'autres départements socialistes. Cependant en tant que Président d’un Département rural particulièrement touché par cette problématique, je n’ai pas attendu la conférence européenne sur l’avenir de la filière ovine de Limoges pour alerter les pouvoirs publics sur la question. Avec les professionnels et les parlementaires de Lozère, nous avons sensibilisé le Ministre de l’Agriculture depuis de longs mois déjà. Le Député Pierre Morel a de plus présenté des propositions dans le cadre de son rapport sur le bilan de la politique agricole et forestière en faveur de la montagne. Il est vrai que la filière traverse une crise sans précédent, subissant de plein fouet une concurrence accrue du Royaume-Uni, d’Irlande et de Nouvelle-Zélande, que vient accentuer une baisse de la consommation française. Cette crise menace l’existence même de la filière.
Cela étant il me semble que le Ministre a bien mesuré le différentiel de revenus entre les productions bovines et ovines et qu’il est bien conscient de la nécessité de revaloriser les aides nationales envers le cheptel ovin. C’est tout l’enjeu de la réflexion menée à l’heure actuelle sur le bilan de santé de la PAC. Néanmoins, pour enrayer la crise, la solidarité nationale ne suffira pas. Elle doit s’accompagner d’une réforme de la filière. Producteurs, abatteurs et transformateurs doivent s’organiser autour des circuits courts et des filières de qualité. Nous le voyons bien dans nos petits départements ruraux, certains éleveurs arrivent à vivre du fruit de leur travail dès lors qu’ils ont su valoriser et commercialiser des produits de qualité. C’est ce que recherche le consommateur. Il faut donc développer les stratégies au niveau national si nous souhaitons tirer notre épingle du jeu de la mondialisation.
En ma qualité de Président de la Commission Environnement, Développement durable et Agriculture à l’ADF, j’aurais l’occasion d’évoquer avec mes collègues ce sujet lors de notre Commission du 10 septembre prochain. A l’issue de cette réunion, une position commune sera adoptée, et je proposerai de solliciter au nom de l’ADF une audience auprès du Ministre de l’Agriculture, Michel BARNIER. »